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Un roc dans la tourmente

Publié le jeudi 8 septembre 2011.

Le 1er juillet 2001, je suis devenue la première femme présidente du Rotary club de New York en 92 ans. Les membres avaient organisé une belle soirée pour la passation des pouvoirs. Des policiers de New York m’ont escortée vers le podium en chantant la célèbre chanson de Sinatra « New York, New York » et j’ai présenté mon programme pour l’année. Tout le monde a porté un toast et on était convaincu qu’il s’agissait de l’évènement de l’année.


C’était le 11 septembre au matin. J’étais dans mon appartement de Brooklyn et je me préparais à aller à ma réunion de club. Ma fille m’a appelée et m’a dit d’allumer la télé. J’ai vu un avion s’encastrer dans la deuxième tour. J’ai alors réalisé que ma ville, mon île (Manhattan) était attaquée. Ma famille était absente. Mon mari se trouvait à notre résidence principale en banlieue et mes enfants dispersés un peu partout. J’ai alors pensé qu’il y avait peut-être des membres de mon club dans les tours du World Trade Center - une appréhension qui s’est plus tard confirmée. Je ne me suis jamais sentie aussi seule de ma vie.

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J’ai alors allumé mon ordinateur. J’avais reçu des e-mails de Rotariens des quatre coins du monde - du Liban, d’Angleterre, d’Israël, de France - dans lesquels les présidents de clubs me demandaient : « Que pouvons-nous faire ? » J’ai passé des jours à essayer de répondre à tous ces messages et je n’ai pour ainsi dire pas dormi. Puis, les chèques ont commencé à arriver. J’ai appelé le directeur exécutif de mon club et je lui ai demandé d’ouvrir, avec l’aide du responsable Fondation du club, un compte bancaire spécial. Ensuite, j’ai convoqué les membres du club en réunion extraordinaire.

Notre club comptait 185 membres à cette époque et nous avons eu la chance de ne perdre aucun d’entre eux aux cours des attentats. Il était important qu’ils se sentent en sécurité et remplis d’espoir. Je m’inquiétais que ceux qui ne vivaient pas à Manhattan aient peur de venir à la réunion, mais tout le monde est venu. Je me suis souvenu qu’enfant, au moment de la seconde guerre mondiale, je participais à des exercices d’alerte d’attaque aérienne dans mon école. Les enfants se protégeaient la tête avec leurs bras et mon professeur de musique m’a demandé de parcourir les couloirs de l’école en chantant pour donner espoir aux autres. Après le 11 septembre, j’ai pensé que je devais faire la même chose pour rassurer les membres de mon club.

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Illustration : Louisa Bertram

Au cours de chaque réunion, nous chantions des chansons patriotiques. J’ai invité des pompiers et d’autres personnes qui avaient été blessées ou qui avaient perdu un de leur proche : une veuve et son enfant, un père qui avait perdu son fils. J’ai fait du club un refuge pour tous ceux qui avaient souffert des attentats, pas seulement pour les soutenir dans leur épreuve, mais aussi pour motiver les membres du club.

J’étais souvent debout à 3 heures du matin pour coordonner les équipes que j’avais montées. Cela a été l’une des choses les plus importantes que j’ai accomplies : contacter personnellement les membres du club, leur assigner une tâche, les motiver et leur donner espoir. Je pouvais compter sur les membres de l’équipe Internet : ils ont expliqué aux donateurs comment nous utilisions leur argent et ils ont su communiquer au monde extérieur la terrible réalité du terrain. Une autre commission a recruté des membres pour se rendre à Ground Zero et proposer leurs compétences. Tous nos membres avaient des talents particuliers : un dentiste légiste a aidé à identifier les victimes, un responsable de l’American Lung Association à New York a testé la qualité de l’air sur place ; un autre membre, propriétaire d’une société de messagerie express, a utilisé sa camionnette pour apporter des bouteilles d’eau aux bénévoles. Nous avions également un membre de 85 ans qui a aidé les bénévoles de l’Armée du Salut à distribuer de la nourriture.

Puis, nous avons créé une commission pour identifier les personnes ayant besoin de fonds d’urgence. Certains de ses membres n’étaient pas Rotariens, mais le sont devenus par la suite. Des membres ont démarché à pied les lieux de culte, les casernes de pompiers et les commissariats de police. Nous étions très méthodiques. Nous nous sommes rendus à des réunions de différentes organisations professionnelles et caritatives afin d’identifier des bénéficiaires. Certains d’entre eux avaient par exemple perdu leurs enfants dans les attentats et devaient s’occuper de leurs petits-enfants. Un homme avait perdu sa fille qui l’aidait à payer son loyer.

Lorsque des Rotary clubs du Michigan ont proposé d’aider des enfants qui avaient perdu un de leur parent au cours des attentats, j’ai formé une autre commission pour coordonner les efforts. Les clubs du Michigan ont ainsi adopté huit veuves et leurs enfants et ils ont envoyé pendant une année entière des lettres de soutien aux familles, ainsi que des fonds pour couvrir leurs dépenses. La commission a également coordonné une action pour les équipes qui ont travaillé jour et nuit à Ground Zero dans les mois qui ont suivi les attentats. Il s’agissait d’offrir des vacances dans le Massachusetts aux pompiers et aux policiers, ainsi qu’à leurs familles. Nous avons même envoyé un pompier et son épouse en Nouvelle-Zélande et un autre couple en Angleterre. Les clubs et les districts hôtes ont accueilli les newyorkais comme des membres de leur propre famille. Un pompier m’a confié qu’il a éclaté en sanglots los qu’il a appris qu’il partait en vacances.

Chaque 11 septembre, nous rendons hommage au travail héroïque des pompiers et des policiers, et chaque année, je reçois un coup de téléphone d’un homme et d’une femme que nous avons aidés. L’année dernière, j’ai invité John Jonas et sa brigade de pompiers à prendre la parole à notre réunion de club durant laquelle ils ont raconté cette anecdote qui leur a valu d’être baptisés « les miraculés du 11 septembre » : alors qu’ils descendaient les escaliers de la tour Nord portant chacun prés de 50 kg de matériel, une femme qu’ils aidaient s’effondra de fatigue. Ils sentirent que la tour commençait à s’écrouler et refusèrent d’abandonner cette personne. Ils se retrouvèrent prisonniers des décombres et furent en mesure quelques heures plus tard de se libérer. Selon eux, s’ils n’étaient pas restés auprès de cette femme, ils n’auraient pas survécu. Une fois l’anecdote finie, John Jonas a remercié ses hommes pour cet acte de bravoure. Tous les membres du club étaient visiblement très émus par ce récit.

On me dit souvent que cela a dû être horrible d’être présidente du club de New York au moment des attentats du 11 septembre. Je leur réponds qu’au contraire, je remercie le ciel d’avoir été à ce poste à cet instant précis. J’ai pu utiliser mon talent de coordinatrice et ma capacité à inspirer les autres. L’un des plus beau compliments que l’on m’ait fait est venu d’un membre de mon club qui m’a dit : « Tu sais Helen, ont était en train de parler de tout ce que tu as fait après le 11 septembre, et ont se demandait qui, parmi tous ces hommes, aurait pu coordonner tout ça. On n’a trouvé personne ». Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour moi-même et afin de tracer la voie pour d’autres femmes. Et depuis, de nombreuses femmes sont devenues membres du club, parmi lesquelles des jeunes. Je suis devenue un mentor et j’adore ce rôle, j’aime les inspirer. J’aime que ces nouveaux membres se sentent fiers d’être des Rotariens.

Par Helen Reisler


 

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